Prix Nobel de la Paix 2011 Article dans Le Point Le Point publie la Yéménite Tawakkol Karman qui dédie son Nobel au « printemps arabe ». L’icône du mouvement de protestation populaire yéménite rend hommage « aux Arabes, aux musulmans et aux femmes ».
Cette Yéménite est une figure emblématique du soulèvement populaire contre le président Ali Abdallah Saleh au Yémen, pays conservateur où les femmes ne jouent pas de rôle de premier plan en politique. Journaliste, elle était un des principaux meneurs des manifestations estudiantines de janvier qui ont donné le coup d’envoi du soulèvement, avant le ralliement, en février, des partis politiques au mouvement. Cette femme frêle avait été brièvement arrêtée fin janvier pour son rôle dans les manifestations. Elle avait fondé en 2005 le groupe « Femmes journalistes sans chaînes ». len Johnson Sirleaf, 72 ans, qui a reçu vendredi conjointement avec sa compatriote libérienne Leymah Gbowee et la Yéménite Tawakkol Karman le prix Nobel de la Paix, est entrée dans l’histoire en devenant, en 2006, la première présidente élue d’Afrique, à la tête d’un pays sorti de 14 ans de guerres civiles. Dès son investiture, elle a entrepris une opération de charme auprès des institutions financières internationales, qui la connaissent bien : économiste formée à Harvard, cette mère de quatre enfants et grand-mère de huit petits-enfants a travaillé pour l’ONU et la Banque mondiale. Ministre des Finances des présidents William Tubman et William Tolbert dans les années 1960 et 1980, son objectif est d’effacer la dette et d’attirer les investisseurs pour la reconstruction, ce qu’elle a en partie obtenu. La lutte contre la corruption et pour de profondes réformes institutionnelles dans la plus vieille République d’Afrique subsaharienne, fondée en 1822 par des esclaves noirs affranchis venus des États-Unis, a toujours été au coeur de son action politique. Ce combat, d’où elle tire son surnom de « dame de fer », lui a valu d’être envoyée deux fois en prison dans les années 1980 sous le régime de Samuel Doe. Mais la tâche est ardue, tant le Liberia est gangrené par les scandales de corruption et miné par les profondes déchirures issues des guerres fratricides qui, de 1989 à 2003, ont fait quelque 250 000 morts. « Encore un long chemin à parcourir » Elle a jusqu’à maintenant ignoré un rapport de la commission Vérité et Réconciliation datant de 2009 qui la cite comme l’une des personnes ne devant pas occuper de postes officiels pendant 30 ans pour avoir soutenu l’ancien chef de guerre Charles Taylor, président de 1997 à 2003. Elle a reconnu avoir soutenu au départ la rébellion de Taylor contre le régime de Samuel Doe en 1989, qui plongea le Liberia dans sa première guerre civile, mais est ensuite devenue, à la lumière de l’étendue des crimes de Taylor, une de ses plus farouches adversaires. Elle avait annoncé juste après la publication de ce rapport qu’elle briguerait un second mandat, bien qu’ayant dit le contraire auparavant. Pour justifier ce revirement, elle a affirmé qu’elle souhaitait poursuivre son action de reconstruction, car son pays a « encore un long chemin à parcourir », même si elle dit avoir réussi à « remettre sur pied bon nombre d’infrastructures ». Vers la réconciliation La Libérienne Leymah Gbowee, lauréate 2011 du prix Nobel de la paix, est une militante pacifiste qui a contribué à mettre fin aux guerres civiles ayant ravagé son pays jusqu’à 2003. Petite, elle était surnommée « Red » (« Rouge »), en raison de son teint clair, raconte-t-elle dans un livre autobiographique publié en septembre, Mighty Be Our Powers : How Sisterhood, Prayer, and Sex Changed a Nation at War (Que nos pouvoirs soient puissants : comment la communauté de femmes, la prière et le sexe ont changé une nation en guerre »). Depuis qu’elle s’est illustrée dans des mouvements de non-violence, cette quadragénaire de forte corpulence, issue de l’ethnie Kpellé, a trouvé un autre surnom sur la scène internationale : « la guerrière de la paix ». Contre les démons de la guerre, Leymah Roberta Gbowee a recours à la prière. Elle exhorte les femmes à faire comme elle, à prier pour la paix, ce qu’elles font sans distinction de religion, souvent vêtues de blanc. Le mouvement prend de l’ampleur pendant le conflit, jusqu’à la grève du sexe, obligeant le régime de Charles Taylor à les associer aux pourparlers de paix. Leymah Gbowee « est plus que courageuse. Elle a bravé la tempête Charles Taylor, l’a obligé à aller à la paix alors que la plupart d’entre nous, hommes, fuyions pour sauver notre vie », estime Nathan Jacobs, fonctionnaire de 45 ans. Après avoir déclenché une rébellion en décembre 1989 contre le régime du président libérien Samuel Doe, Charles Taylor s’empare en quelques mois de la quasi-totalité du pays et se fait élire président en 1997. Également confronté à une insurrection armée, il est contraint de quitter le pouvoir et le pays en 2003, sous la pression de la rébellion et de la communauté internationale. Défendre les enfants-soldats La lutte des Libériennes pour la paix « n’est pas une histoire de guerre traditionnelle. Il s’agit d’une armée de femmes vêtues de blanc, qui se sont levées lorsque personne ne le voulait, sans peur, parce que les pires choses imaginables nous étaient déjà arrivées », écrit-elle dans son autobiographie. « Il s’agit de la manière dont nous avons trouvé la force morale, la persévérance et le courage d’élever nos voix contre la guerre, et rétablir le bon sens dans notre pays », ajoute-t-elle. Leymah Gbowee, qui a fondé ou dirige plusieurs organisations de femmes, a siégé dans la commission Vérité et Réconciliation. Un parcours inattendu pour celle qui avoue avoir été une petite fille maladive – rougeole, paludisme, choléra – ayant souvent souhaité « avoir la santé » au moment des voeux de fin d’année. |
Prix Nobel de la Paix 2011